Voir ce film Chien de guerre 1080p

La prĂ©sence des chiens dans les anciennes guerres est souvent oubliĂ© dans la « Grande Histoire » de ces conflits. Voici un livre qui fait de cette prĂ©sence presque invisible la moelle de cette histoire sentimentale.

On a Ă©crit beaucoup sur la guerre. Nous avons aussi lu pas mal de livres Ă  ce propos. Ce sont parfois des histoires des gens frappĂ©s par les conflits, des histoires des grands faits, hĂ©roĂŻques…

Mais le sujet de ce livre -« Le collier rouge » de Jean-Christophe Rufin- est loin de vouloir nous prĂ©senter cette 1ère guerre « mondiale », l’auteur veut et met en relief sa dĂ©cision de se dĂ©tourner du sujet guerrier pour atteindre Ă  raconter un passage de la guerre, une anecdote, un extrait de la vie quotidienne après la guerre. Ces personnages. un prisonnier, Morlac, un juge, Lantier et un chien ; Guillaume sont convoquĂ©s Ă  nous faire rĂ©flĂ©chir et mĂŞme Ă  nous faire passer un bon moment « loin de la guerre » et près des sentiments humains. L’histoire et un puzzle des histoires enchaĂ®nĂ©es Ă  travers l’acte hĂ©roĂŻque d’un chien anonyme. Plus qu’une histoire il nous a semblĂ© un conte, une histoire Ă  l’eau de rose oĂą la fidĂ©litĂ© d’un chien, adjectif qui va collĂ© aux caractères des chiens, tient le fil de ce rĂ©cit. Et on arrive Ă  se demander, après note dĂ©bat. qui mieux qu’un chien pour transmettre cette part humaine de tout animal, et qui mieux qu’un homme pour transmettre la bestialitĂ© de l’humanitĂ© ?

Le sujet de ce livre pourrait ĂŞtre illustrĂ© par un film de guerre qui proclamait la paix. « Joyeux NoĂ«l » basĂ© sur l’histoire de cette fraternisation entre soldats français et allemands lors du premier NoĂ«l de la guerre de 14-18.

Voici un bref portrait biographique de l’auteur, Jean-Christophe Rufin:

Un médecin engagé, un écrivain inattendu

Né le 28 juin 1952 à Bourges (Cher). Études secondaires à Paris au lycée Claude Bernard. Médecin, ancien interne des hôpitaux de Paris, ancien chef de clinique à la Faculté de médecine de Paris. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris.
  • Officier de la LĂ©gion d’honneur,Chevalier des Arts et des Lettres,Commandeur de l’ordre du Lion du SĂ©nĂ©gal,Commandeur de l’ordre du Rio Branco du BrĂ©sil,Chevalier du MĂ©rite de l’ordre souverain de Malte
  • EngagĂ© dans le mouvement humanitaire depuis 1977. Nombreuses missions de terrain (Nicaragua, ÉrythrĂ©e, Soudan, Philippines, etc.). Vice-prĂ©sident de MĂ©decins (1991-92) sans frontières. PrĂ©sident d’Action contre la faim (2003-2006). Membre du comitĂ© français de l’association Human Rights Watch.
  • Conseiller auprès du secrĂ©taire d’État aux Droits de l’homme (1986-88). AttachĂ© culturel et de coopĂ©ration au BrĂ©sil (1988-89). Conseiller auprès du ministre de la DĂ©fense, chargĂ© des opĂ©rations de maintien de la paix (1993-1994). Ambassadeur de France au SĂ©nĂ©gal et en Gambie (2007-2010).
  • Diverses fonctions d’enseignement. I.E.P. de Paris (droits de l’homme et relations internationales), Collège interarmĂ©es de dĂ©fense (humanitaire et maintien de la paix). Directeur de recherches Ă  l’Iris (1990-1993).
  • ConfĂ©rencier international. Traduction de ses livres dans plus de vingt pays. Docteur honoris causa de l’universitĂ© Laval (QuĂ©bec), de l’universitĂ© de Louvain-la-Neuve (Belgique) et de l’UCAD (Dakar, SĂ©nĂ©gal).
  • Élu Ă  l’AcadĂ©mie française, le 19 juin 2008, au fauteuil d’Henri Troyat (28 e fauteuil).
  • Paqui. nous fait ce parfait rĂ©sumĂ© du livre:

    Le collier rouge nous raconte l´histoire d´un homme, Jacques Morlac. un hĂ©ros de la guerre, et son chien, Guillaume, qui ont participĂ© dans la guerre de 1914, jusqu’` l´étĂ© de l´annĂ©e 1919, oĂą Morlac est fait prisonnier. C´est surtout une histoire d´amour entre Morlac et Valentine dont le centre c´est Guillaume, le vrai protagoniste qui incarne le pretexte de cette histoire, qui fait la mise en relief des vertus comme la loyautĂ©, le courage, la fidelitĂ© et l´engagement… Face Ă  ces trois personnages le juge Lantier, un juge militaire venu de Paris, est chargĂ© de faire l´enquĂŞte qui dĂ©terminera le destin du prisonnier. Pour lui c´est sa dernière affaire comme juge militaire.

    Le fait c´est que Morlac a ĂŞtĂ© emprisonnĂ© pour avoir dĂ©cidĂ© de dĂ©corer son chien de sa mĂ©daille militaire. Cet acte est considĂ©rĂ© come un signe de rĂ©bellion, un outrage á la Nation. Un hĂ©ros « dĂ©corĂ© ».

    Lantier devait « proteger l´institution militaire, dĂ©fendre les intĂ©rĂŞts de la Nation et,Ă©galement, comprendre less faibleses des hommes » « Mais ce prisonnier Ă©tait diffĂ©rent. D’un cĂ´tĂ© c´etait un hĂ©ros, il avait dĂ©fendu la Nation et, d’un autre cĂ´tĂ©. il la vomissait »

    Les personnages protagonistes:

    • LANTIER, le juge. Pendant la guerre, Lantier avait commencĂ© comme un homme idĂ©aliste de sa classe sociale, » un bourgeois malgrĂ© son patronyme de petite noblesse «. Au dĂ©but seul comptaient pour lui, la Patrie, toutes les grandes idĂ©es: l´honneur, la famille, la tradition. Il pensait » qu´il fallait soumettre les individus leurs misĂ©rables intĂ©rĂŞts particuliers «. Mais petit á petit, tandis qu´il interroge Valentine et Morlac, il comprendra le point de vue de Morlac envers les Ă©vĂ©nements. Au dĂ©but il se montrait colĂ©rique. puis il sera complice. MalgrĂ© la diffĂ©rence de leurs idĂ©es ils se rencontrent dans la camaraderie au fur et á mesure que l´enquĂŞte avance. Il reprĂ©sente l’humanitĂ© dont toute guerre est privĂ©e. Un homme qui ne laisse pas Ă  l’écart les sentiments des personnes qu’il doit juger dans le domaine militaire.
    • VALENTINE. Elle reprĂ©sente l’amour profond, la fidĂ©litĂ©, le courage. Amoureuse de Jacques Morlac dit Ă  propos de celui-ci. « Il avait appris Ă  lire, il ne savait pas parler d´amour, mais il avait trouvĂ© ça pour me dire ce qu´il sentait ». Valentine habite seule dans sa ferme. Elle est aussi enragĂ©e que son père. C’est une femme cultivĂ©e, possède une bibliothèque hĂ©ritĂ©e de son père. Elle cache Ă  Morlac qu´elle est enceinte de lui.
    • MORLAC ET SON CHIEN. Morlac: un homme dans une situation paradoxale, hĂ©ros et rĂ©volutionnaire, confrontĂ© Ă  des sentiments opposĂ©s et renfermĂ© en lui-mĂŞme, Ă  fin de ne plus souffrir. Et Guillaume: un chien porteur des valeurs que tout bon militaire doit garder Ă  l’esprit: loyautĂ©, fidĂ©litĂ© et rendre service Ă  la Nation.

    « Pendant ma permission, j´ai beaucoup lu, la guerre m´avait changĂ©. Je n´imaginais pas que tout cela pouvait exister… J´étais un petit paysan, vous comprennez? Je ne savais rien. MĂŞme si je m´étais mis Ă  lire avant la guerre…. »

    Après sa permission il avait pris trois livres de la bibliothèque de Valentine. Proudhon, Marx et Kropostkine. le paysan était d´origine pauvre et court intellectuellement, presque analphabète .

    Les idées du prisonnier s´oposent aux idées du juge. Morlac, idéaliste utopique, nous montre l´absurdité de la guerre, les sacrifices des hommmes et leur difficulté pour s´intégrer à la vie civile après la guerre. Il questionne la médaille, il pense que c´est Guillaume qui a tué le Bulgare et c´est ça qui a déclenché le chaos. On voulait fraterniser entre les Russes, les Bulgares et tous les ennemies qui faisaient la guerre, mais comme son chien a égorgé le Bulgare et celui-si a hurlé. ils ont pensé qu´on leur avait tendu un piège. On était prêts à fraterniser et quelques minutes après on tuait toute ce qu´on rencontrait. Morlac finalement avait été blessé. C´est Guillaume qui mérite la médaille

    « Soldat Guillaume, au nom du PrĂ©sident de la RĂ©publique, je vous acccueille l´ordre de l´ignominie qui rĂ©compense la violence aveugle, la soumission aux puissants et les instincts les plus bestiaux et je vous fais chevalier de la LĂ©gion d´honneur. Accrochant la dĂ©coration au cou de son chien. »

    Il est convaincu que Son chien est plus digne que lui de recevoir cette décoration

    Morlac fait un discours à propos de l´animalisation des hommes dans le combat, ils se comportent comme des bêtes. Guillaume ne raisonne pas, il agit, il tue le Bulgare dès sa condition animale. Il finit par comprendre son chien et il commence à lui pardonner quand il pense que

    » le chien avait obĂ©i sa nature et sa nature n´était pas humaine « .

    Il compare les humains avec les bêtes et il est triste d´en savoir.

    L´auteur nous parle dans ce roman des horreurs de la guerre, de la fidélité, de la loyauté, de la fraternisation et de la camaraderie entre les personnes pendant la guerre, la fraternisation d´un point de vue utopique. Ce paysan et l´évolution de ses idées politiques formées surtout á travers les livres qu´il a lus. Il évolue et transforme ses idées au fur et à mesure que la guerre avance.

    Jean-Christophe Rufin interviewĂ© pour parler de son livre « le collier rouge » rĂ©pond a cette question:

    Ce récit pose la question du patriotisme et de la loyauté. Que pensez-vous du patriotisme?

    JCR. – Il existe un patriotisme bienveillant, positif. celui qui nous fait acheter français ou aimer la culture de notre pays. Mais quand le patriotisme tourne au nationalisme ou Ă  l´impĂ©rialisme, il devient bien sombre. Tout est question de proportion. Dans toutes les guerres, des gens ont dĂ» choisir entre loyautĂ© et humanitĂ©. Ă€ un certain degrĂ© de fidĂ©litĂ©, on peut perdre son humanitĂ©.

    Voici quelques mots de nous tous por « Le collier rouge »:

    Irène opine que « c’est un ouvrage plein de contradictions, dans lequel la violence qui est normalement attribuĂ©e aux bĂŞtes correspond plutĂ´t aux hommes dans l’acte de la guerre; et Ă  l’inverse, l’humanitĂ© correspond ici aux bĂŞtes, notamment au chien, le protagoniste. »

    Et pour Natalia. « Oui, le livre m’a plu, mais je m’attendais Ă  un peu plus quand j’ai commencĂ© la lecture, l’histoire est bien mais j’ai l’impression que l’auteur aurai pu approfondir un peu plus… qu’il a survolĂ© le sujet sans vouloir s’ y impliquer trop. »

    Nieves pense que “Le collier rouge” est un tissu de sentiments dont l’origine est la guerre, un roman qui dénonce la brutalité et l’absurdité de la guerre, sans obvier l’après-guerre. Une histoire intense qui nous montre à quel point peut-elle (la guerre), bouleverser l’esprit des hommes et arriver même à “geler” leurs coeurs. À la base de cette histoire: L’acte grotesque d’un héros qui accroche la Légion d’Honneur au cou de son chien lors d’un défilé, à fin de montrer son mépris à l’égard de l’autorité militaire. L’auteur, depuis la simplicité, la subtilité et la souplesse de sa narration nous rapproche de personnages principaux du roman et de leurs sentiments en nous offrant de beaux paragraphes pleins de poésie.

    Pour elle, l’un des passages le plus appréciés, même émouvant pour moi, c’est l’affrontement entre Morlac et le juge Lantier. Le laisser-aller et l’obstination de Morlac à se faire condamner face à la lutte et la persévérance de Lantier pour lui faire réagir et lui montrer quels sont vraiment ses sentiments.

    “Le collier rouge” met en relief le pouvoir destructif de la guerre, dans le domaine des sentiments, étant capable de tout bouleverser d’un seul coup: l’héroïsme en lâcheté, le courage en peur, un soi-disant acte de fraternité en une offensive meurtrière… La guerre, un conflit capable de chavirer le coeur des hommes… à jamais. Une affaire de bêtes humanisées ou plutôt d’hommes déshumanisés?

    Francisco Javier trouve le juge trop sensible et le ton gĂ©nĂ©ral du texte un peu « presse jaune », très naĂŻf. Il attendait plus de l’histoire de prisonnier: le dĂ©but prometteur perd sa force et la tension du drame très bientĂ´t. Il manque un peu, alors, de l’intrigue. On souligne aussi qu’il aurait fallu un peu plus de profondeur des conversations entre le juge et le prisonnier. Ça nous laisse avec l’impression d’une opportunitĂ© littĂ©raire un peu gaspillĂ©e. On risque parfois de tomber dans l’absurde dans l’argument car on ne comprend très bien les raisons pour maintenir le protagoniste emprisonnĂ© et les règles pour le laisser finalement libre.

    Javier fait attention sur la relation qui nait entre le juge et le chien: ce dialogue secret entre lui et le chien, qui laisse sortir beaucoup de sentiments cachĂ©s, noyĂ©s dans une histoire de silences obligĂ©s et qui justifiera le dĂ©nouement de l’histoire. Il a aimĂ© la simplicitĂ© de l’histoire bien qu’il souligne aussi qu’il s’agit d’une histoire courte un peu trop allongĂ©e pour justifier un roman. Alors, ce n’est pas une histoire de guerre mais de sentiments, mettant en relief les « petites histoires » qui sont souvent cachĂ©es dans la « grande histoire » d’une guerre. Une lecture lĂ©gère qui parle de la fatigue de la guerre, de sa tristesse et de son absurditĂ©, des efforts futiles pour faire rational l’irrationalitĂ© de la guerre. Tout cela devenu mĂ©taphore en les blessures qui porte le chien dans son corps.

    Inma crois deviner au fond de l’histoire un germe de la fraternitĂ© europĂ©enne si fragile, une utopie qui n’est pas encore arrivĂ©e Ă©touffĂ©e par la mĂ©fiance entre les pays et le manque d’une solidaritĂ© rĂ©elle.

    Carmelo nous montre aussi sa déception. Le fait que Morlac ose demeurer durant des années en prison pour un amour que finalement il ne prétend pas atteindre, en jouant à cacher une situation qui ne lui favorise pas… ce n’est pas crédible, de mon point de vue.

    Effectivement c’est au moins singulier, de la part de l’auteur, obliger les lecteurs Ă  lire 160 pages pour arriver finalement Ă  la conclusion que le conflit principal de la trame a en dĂ©finitive Ă©tĂ© causĂ© par un petit malentendu amoureux entre Morlac et Valentine, avec l’humble participation du pauvre Albert. (NĂ©anmoins, il ne reste pas très clair si Morlac a essayĂ© de dĂ©corer Ă  un chien qu’il dĂ©teste, afin de faire un Ă©loge, de ses vertus hĂ©roĂŻques, ou de dĂ©montrer le propre courage machiste devant Valentine, en dĂ©fiant l’Ă©tablissement. Oui, il ose dĂ©fier les autoritĂ©s avec son excentricitĂ©, en sachant d’avance, que son geste offenserait le pouvoir Ă©tabli. Et ce geste-lĂ  (selon l’opinion du juge) ne signifiait plus qu’une manière de capter l’attention de Valentine). De fait, quand le juge le s’expose son argumentation, il ne la nie pas, il ne rĂ©pond pas mĂŞme (en reconnaissant, de cette façon, avoir Ă©tĂ© mis en Ă©vidence par Lantier).

    Une mĂ©daille qui gagne une guerre mais qui fait perdre l’illusion du protagoniste « humain » de cette histoire.

    Ce fait va marquer apparemment l’histoire du prisonnier, comme un élément tacite ou plutôt, voilé, avec lequel Morlac joue à cache-cache avec le Juge, en le défiant constamment.

    Et faites attention que Morlac reste tout Ă  fait muet dès que Lantier lui montre sa dĂ©couverte de « flic-chien-limier » ( ou flic-Corgan) – j’aime plus l’adjectif espagnol: sabueso – c’est Ă  dire, la vrai raison de la « fausse » rĂ©volte idĂ©ologique de Morlac, laquelle n’arrive qu’à ĂŞtre un simple entĂŞtement, selon Lantier. C’est comme si le prisonnier avait attendu la dĂ©cision de justice, pour entrer ensuite, comme un acteur de théâtre, dans un Ă©tat de soulagement, après une grande et longue reprĂ©sentation. (Peut-ĂŞtre que c’est Rufin qui attend les applaudissements, les Ă©loges de la part des lecteurs).

    Pendant les quelques minutes que le juge emploie pour s’adresser à Morlac, afin de lui communiquer son verdict, il loue la fidélité que le prisonnier manifeste vers sa fiancée, mais ses idées de révolte restent reléguées au second plan, et même méprisées (Lantier n’obtient pas de réponse, de la part de Morlac).

    C’est assez ambiguĂ« la pensĂ©e de ce personnage, Lantier, qui en tout cas, est encadrĂ© dans le sens le plus institutionnel, bien que Rufin prĂ©tende le prĂ©senter comme un militaire gĂ©nĂ©reux et indulgent (mais seulement si c’est l’amour le coupable de la commission d’un dĂ©lit. l’action inadmissible de Morlac). Le geste de Morlac, devant toutes les autoritĂ©s, tout Ă  fait ironique de sa part, est interprĂ©tĂ© comme un outrage Ă  la Nation, mais c’est moins un outrage s’il s’agit d’une revanche amoureuse. C’est, peut-ĂŞtre la seule manière que Lantier aura de justifier son verdict, devant ses supĂ©rieures

    « C’est simple. C’est simple. Quand on m’a dĂ©signĂ© pour instruire votre affaire, les bureaux de l’Ă©tat-major m’ont transmis votre dossier. Les anciens combattants du front d’Orient sont suivis d’assez près par la police. Votre amitiĂ© avec des soldats russes n’est pas passĂ©e inaperçue, figurez-vous. Au retour, les services de renseignements se sont assurĂ©s que vous n’aviez pas de mauvaises frĂ©quentations. Morlac haussa les Ă©paules mais n’objecta rien. » (p. 289, version numĂ©rique)

    « Vous ĂŞtes très injuste, avec ce pauvre animal, dit le juge pensivement. Vous lui en voulez pour sa fidĂ©litĂ©. Vous dites que c’est une qualitĂ© de bĂŞte. »

    (…)« Vous portez cette qualitĂ© si haut, en vĂ©ritĂ©, que vous n’avez jamais pardonnĂ© Ă  Valentine d’en manquer. Vous ĂŞtes l’homme le plus fidèle que je connaisse. La preuve, vous n’avez pas renoncĂ© Ă  l’amour que vous lui portez. C’est pour elle que vous ĂŞtes revenu ici, n’est-ce pas? Morlac haussa les Ă©paules.

    Donc, ce ne sont pas, Ă  mon avis, les vertus militaires ce qui est mis en question – comme on pourrait en tirer, peut-ĂŞtre – mais parfois le compromis de certains rĂ©volutionnaires. Par exemple, les combattants de la rĂ©sistance ne sont pas bien traitĂ©s dans le roman. Le juge loue la fidĂ©litĂ© que Morlac manifeste vers sa fiancĂ©e, mais ses idĂ©es de rĂ©volte restent relĂ©guĂ©es au second plan, et mĂŞme mĂ©prisĂ©es et condamnĂ©es.

    Cependant, il y a des Ă©lĂ©ments, dans le livre qui pourraient avoir Ă©tĂ© bien employĂ©s pour faire un bon discours contre la guerre. Entre eux, par exemple, se trouve le complot des soldats, qui risquent leurs vies avec leur fait de sĂ©dition. NĂ©anmoins – bien que l’auteur dit qu’il ne prĂ©tend pas parler de la guerre – c’est traitĂ© en somme d’une manière frivole et peu important. Les soldats restent comme des naĂŻfs ingĂ©nus

    Et à chaque fois que les mouvements de la résistance font leur apparition tout au long du récit, à la bouche de quelqu’un, l’image transmise des activistes est complètement pénible et injuste.

    La joie manifestée par les Russes lorsqu’ils connaissent la nouvelle du triomphe de la Révolution est minimisée. À ce propos, il faudrait rappeler que le nouveau gouvernement sorti de la Révolution, a retiré des millions de soldats russes de la guerre qui avaient été condamnés à mourir du simple fait qu’ils ont y participé dans des conditions absolument précaires. Il faut tenir compte que deux millions trois cent mille Russes sont morts et environ cinq millions et demie sont restés blessés, pendant cette guerre la plus cruelle de toutes les guerres, si j’ose dire.

    En somme, comme beaucoup de fois dans nos lectures partagĂ©es. il y a eu beaucoup de place dans cette histoire pour l’Ă©change de points de vue diffĂ©rents. Une discussion très riche dont chacun, après sa sensibilitĂ© et le moment oĂą la lecture est tombĂ©e dans sa vie, en tirera une impression ou l’autre. Ici, chez la littĂ©rature, comme dans la vie.

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